L’histoire que je vais vous raconter n’aurait pas pu se dérouler à Saverdun de nos jours. C’est même la raison précise pour laquelle je vous la raconte. Vous allez comprendre pourquoi.

Elle se situe dans un village de nos Pyrénées ariégeoises dont je ne veux pas trahir le nom – les habitants actuels de ce village pourraient dire : « voilà que ce prêtre s’en prend à nous ! Gare à nous ! ». Appelons-le donc « Montagnol ». C’était aussi dans des temps très anciens, quand les gens n’avaient encore entendu parler ni de covid-19, ni d’ARN messager.

Il n’y avait pas beaucoup d’âmes à Montagnol, pourtant la paroisse avait son propre curé – vous voyez que c’était il y a bien longtemps. Les gens aimaient leur curé, et le bon prêtre le leur rendait bien. Pourtant il avait un grief envers ses paroissiens. Il trouvait que les gens n’étaient pas très généreux, et que la quête ne lui rapportait pas grand-chose. Le curé en concevait quelque amertume. Et comme toujours : ce qui tourne dans notre cœur finit tôt ou tard par s’exprimer en paroles. C’est ce qui se produisit pour le curé de Montagnol.

C’était un beau jour de l’Epiphanie. Comme à son habitude, le curé monta en chaire pour y prononcer l’homélie. Il raconta l’histoire des mages à sa manière (je précise que l’histoire est vraie) : « chers frères, l’évangile nous rapporte que trois rois mages vinrent adorer notre Seigneur Jésus-Christ. Le premier portait de l’encens. Il venait (le curé hésite un instant) … il venait d’Arabie. Le deuxième, poursuit le bon curé, portait de l’or-myrrhe. Il venait… de la Mésopotamie. Le troisième roi portait … (le curé s’interrompt ; il recompte à voix basse : encens, or-myrrhe, … mais il ne perd pas son sang-froid 🙂 le troisième roi, reprend-il fièrement, ne portait rien à l’Enfant-Jésus. Il venait de Montagnol !

Je vous ai dit que cela n’aurait pas pu se produire parmi nous. La paroisse bénéficie de la générosité de beaucoup. L’ouverture et l’entretien des églises, les fleurs, le chant, la musique, la diffusion des informations (dont le présent site internet !), l’accueil des personnes en deuil et la permanence d’accueil en général, la gestion des finances, la comptabilité, les approvisionnements, la préparation aux sacrements, la catéchèse et l’aumônerie, les temps de prière, et encore tant d’autres choses, rien de cela ne se ferait sans votre générosité. Certains donnent de leur temps, d’autres de leur argent, de leur prière, de leur bonté… chacun en tous cas apporte ce qu’il a. Aucun de nous n’est un roi mage aux mains vides.

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